De Saint-Martin à Clermont : le parcours inspirant de Mickaël, assistant d'anglais

 

Comme chaque année, le lycée accueille des assistants étrangers dont l'influence est toujours positive sur les cours de langues. Cette année, nous sommes ravis de mettre à l'honneur Mickaël, notre assistant de langue anglaise. 

 

 

 

      Pourriez-vous vous présenter et nous parler un peu de votre parcours ? 

      Bonjour, je m’appelle Mickaël FOY TOMA, j’ai 26 ans et je viens de Saint-Martin, une île des Petites Antilles partagée entre la France et les Pays-Bas. Bien qu’il s’agisse de deux nations différentes, l’anglais est la langue la plus parlée sur l’île, ce qui unit naturellement ses habitants. De ce fait, je suis français, mais culturellement je me définis surtout comme antillais et saint-Martinois, avec une touche (et un accent) très américaine.

J’ai toujours été passionné par la langue, la culture et l’histoire anglophones, ce qui m’a conduit à étudier l’anglais à l’université en LLCER. En même temps, j’ai exercé le rôle d’assistant de langue, cette année est d’ailleurs ma troisième année dans cette fonction. Grâce à ces expériences auprès d’élèves de tous niveaux, je développe en parallèle un projet personnel : Speed Friends! Il s’agit d’une animation et d’un jeu de conversation et de cohésion qui favorise la pratique de l’anglais à tous les niveaux, en rendant l’échange accessible, dynamique et authentique.

 

Qu’est-ce qui vous a donné envie de vivre une expérience d’assistanat à l’étranger, et pourquoi avoir choisi la France ?

Saint-Martin n’accueille pas d’université, donc il a toujours fallu déménager pour poursuivre mes études dans le supérieur. J’ai étudié à l’Université Clermont Auvergne et, pendant ces années, ce qui m’a réellement manqué pour m’intégrer, c’était de tisser des liens avec des personnes d’âges différents, notamment les plus jeunes.
Plus ma famille me manquait, plus mon rôle de grand frère me manquait encore davantage. Et c’est dans cet esprit (soutenir, transmettre, accompagner) que j’ai eu envie de devenir assistant de langue. C’est un rôle profondément humain, qui permet d’être utile dans le parcours d’élèves divers et variés.

On pourrait dire que j’ai choisi la France parce qu’il s’agit du même système éducatif que celui de Saint-Martin, mais avec des réalités très différentes. Là-bas, la plupart des élèves sont bilingues anglais/français, ce qui change complètement la dynamique des cours. J’étais curieux de découvrir comment l’anglais est enseigné ici, dans un contexte où la langue n’est pas omniprésente au quotidien.

Ce qui me motive le plus, c’est d’aider les élèves à prendre confiance en leur capacité de s’exprimer, de présenter, d’échanger. L’anglais n’est pas un lointain outil international : c’est une langue vivante, proche, portée aussi par des Français.

 

 

 

 

Comment percevez-vous la culture française, la vie locale, et qu’est-ce qui vous a le plus surpris ou marqué à Clermont-Ferrand ?

Ce qui m’a le plus frappé en arrivant de Saint-Martin, c’est la richesse de l’offre culturelle. Concerts, musées, spectacles, expositions, festivals… il y a toujours quelque chose à découvrir, et c’est un cadre qui nourrit énormément ma passion pour la médiation culturelle. Sur une petite île, certains services culturels sont bien moins développés.

J’ai aussi été marqué par la liberté de déplacement. Ici, si quelque chose n’existe pas dans ta ville, il est accessible en une ou deux heures de train. Cette possibilité d’aller “voir ailleurs” est nouvelle et précieuse pour moi. Pour donner un exemple : les grands artistes internationaux ne passent jamais à Saint-Martin. Je n’ai pu assister à un vrai grand concert qu’en vivant ici.

L’autre choc, plus quotidien, c’est évidemment le climat. Je viens d’un endroit où la garde-robe ne change jamais et où le soleil se couche pratiquement à la même heure chaque jour. Ici, les saisons, les journées qui raccourcissent, l’hiver… tout ça transforme le rythme de vie et même le moral.
Sortir de cours à 17h dans le noir reste pour moi quelque chose d’étonnant, parfois déstabilisant.

 

 

Quel moment vous a le plus marqué depuis votre arrivée, que ce soit au lycée ou dans votre vie personnelle ?

Pour moi, le moment le plus marquant est lié à la transmission culturelle.

Avoir l’opportunité de représenter Saint-Martin, de faire découvrir une partie de la France souvent oubliée ou méconnue, est extrêmement fort et ça me tient de plus en plus à cœur. Les élèves sont toujours curieux, intéressés, réceptifs.
Et partager cela me rappelle à quel point j’aime mon île, à quel point elle est particulière et porte un vrai message de vivre-ensemble et de diversité.

 

Quels conseils donneriez-vous aux futurs assistants pour réussir leur intégration et tirer le meilleur parti de cette expérience ?

D’abord : prenez plaisir à représenter d’où vous venez, mais n’oubliez pas d’évoquer votre vécu personnel. Votre témoignage, vos anecdotes, votre point de vue rendent votre territoire réel pour les élèves. Ils voyagent à travers vous.

Ensuite : sur le plan pédagogique, ayez confiance et soyez créatifs.
Une activité peut fonctionner un jour, moins un autre. Elle peut plaire à un groupe et moins à un autre. C’est variable, l’essentiel, c’est d’oser proposer, de varier, et surtout de s’adapter au fur et à mesure au public que vous avez face à vous.

Et surtout : parler de chez vous est tout aussi bénéfique pour les élèves que pour vous. Ce partage permet de rester connecté à votre identité, et de se sentir beaucoup moins loin et moins seul.

 

En quoi cette expérience a-t-elle transformé votre manière de voir l’enseignement, l’apprentissage des langues ou même votre avenir professionnel ?

Cette expérience a renforcé ma conviction que la langue est avant tout un outil de lien social.
Elle a aussi clarifié la direction que je veux donner à mon avenir : un mélange de transmission culturelle, d’animation et de création, notamment à travers mon projet Speed Friends.

Speed Friends est un jeu de conversation socio-éducatif qui permet aux élèves d’échanger avec divers différents interlocuteurs en anglais, et de s’entraîner aux interactions récurrentes qu’on a lorsqu’on rencontre quelqu’un. C’est un outil pédagogique qui encourage le “peer learning”, la participation équitable, et surtout la confiance en soi.

Je l’ai développé lors de mon passage dans les établissements scolaires et j’espère pouvoir continuer à l’animer dans de nombreux lycées et collèges. Mon objectif est simple : montrer que l’échange et la conversation en langue étrangère est à la portée de tout le monde, quel que soit le niveau. Il ne faut pas que ça soit un frein à la possibilité d’apprendre à connaître les autres.

 

 

Y a-t-il une différence culturelle entre votre pays et la France qui vous a particulièrement amusé, étonné ou fait réfléchir ?

La différence qui m’a le plus surpris, et parfois amusé, concerne les transports en commun.

À Clermont-Ferrand, entre les travaux et les grèves, les habitants ont tendance à se plaindre.
Mais pour moi, qui viens d’un territoire où les transports publics sont très peu développés, c’est un vrai privilège !

Ici, je peux toujours compter sur un bus ou un tram, aller presque partout, et souvent être déposé tout près de chez moi.
À Saint-Martin, sans voiture, on ne peut faire que très peu de choses : l’île est petite, mais vallonnée, et les réseaux sont limités.

C’est une différence qui fait sourire, mais qui montre surtout combien les infrastructures influencent les modes de vie.

 

Si vous deviez résumer votre expérience en trois mots, lesquels choisiriez-vous ?

Créativité – Adaptabilité – Partage.
Parce que j’apprends autant que je transmets, surtout que la proximité d’âge crée une vraie relation d’échange avec les élèves.

 

 

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